Les Boucaniers Fantasques
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Repaire Role Play sur Wakfu pour les gredins marins
 
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 À l'arrogance, le comble.

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Solvej Ragnhild

Solvej Ragnhild


Messages : 214
Date d'inscription : 24/08/2014
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Localisation : En chasse aux trésors de Poup.

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MessageSujet: À l'arrogance, le comble.   À l'arrogance, le comble. Icon_minitimeLun 27 Oct - 11:16

Le fin filet de fumée âcre léchait les pourtours rutilants du canon de revolver. L'arme à feu, maintenue d'une poigne fébrile, tremblotait dans la pénombre habitée d'horreurs. L'atmosphère, oppressante et lourde d'humidité, colorait la scène macabre d'un monochrome indélébile, où seules les braises contenues dans leurs iris révoltaient la noirceur. Sa silhouette émaciée, gravée dans ce sombre portrait, demeurait immobile, et si sa respiration frénétique trahissait les vas-et-viens affolés de son diaphragme, sa posture relâchée tempêtait l'émancipation brutale dont elle était l'auteure.




Elle était assise au Repaire, une soirée comme d'autres, où le soleil déclinait paresseusement sur la mer enlaçant Poup Island, et la terrasse était vide de chez vide. Le canon articulé de ses doigts pianotant contre la table de bois élimé était sa seule source d'occupation, l'alcool ne lui faisant pas envie - dans le moment - et les cachetons tardant à faire effet. La disciple d'Osamodas s'était démenée aujourd'hui, encore plus qu'à l'habitude, pour se trouver de quoi embrumer son esprit : le travail, les poèmes érotiques, son appareil-bidule pour photographier, le ménage, même la chasse à la pioute s'était effeuillé à son esprit en ce crépuscule inanimé. Cependant, et bien malgré elle, toute motivation semblait lui échapper.




Les prunelles horrifiées de Narhaan ciselèrent la découpe opaque et amaigrie de son aînée. Elle soutenait dans ses paumes moites d'effroi un pâle bougeoir dont la lueur asphyxiée se refusait à la fatalité de l'événement. C'était cependant suffisant à éclairer le peu de détails qu'elle s'aurait voulu soustraits. Lorsque sur sa rétine récalcitrante se dessina la scène sinistre, son souffle la quitta, tant et si bien qu'il lui fallu se ressaisir avant de parvenir à comprendre ce qu'elle voyait, l'air s'immisçant dans sa trachée par à-coups rythmés des battements incrédules de ses paupières. Elle ne sentait plus les muscles dans ses doigts, qu'un velours corrosif effleurer le revers de sa peau dans l'ensemble de son corps. Elle faillit en échapper la pernicieuse chandelle qui avait permis au tableau de se dépeindre à travers sa cornée imbibée de larmes amères. Il lui fallu rassembler toute sa volonté pour parvenir à entrouvrir ses lèvres chevrotantes, sa voix, habituellement si douce et apaisante, scindant ici le mutisme tel le croassement d'un corbac expirant.

- Solvej ?... S'étrangla-t-elle à mi-voix.



Elle releva la tête et jeta un regard par-dessus son épaule. Quelqu'un approchait. Enfin, la jeune femme avait cru entendre des pas lourds près de la réserve. Ses pupilles frémissantes évaluèrent frénétiquement l'accès arrière à la terrasse, et elle dû se résoudre à constater qu'il n'y avait personne, au bout de plusieurs secondes d'attente. La disciple d'Osamodas cracha un ongle au sol. Elle fronça les sourcils et suspendit son prochain mouvement, l'annulaire toujours intouché s'approchant dangereusement de ses dents grinçantes. Considérant sa main comme s'il s'agissant d'un inconnu inquiétant, elle la rabattit brutalement contre la table en expirant son soul à travers ses narines dilatées.



L'interpelée ne cilla pas. L'adolescente dardait un oeil animé d'un triomphe morbide sur son pancrace fondamental, ses sanglots arrachés détonnant d'un viscéral sourire. Ses petites phalanges raides estampaient la crosse du revolver d'une force désespérée, provocant une immaculée colère qui blanchissait ses jointures enflées. Elle ne lui répondit pas.

Mais elle le fixait.




Son pouls progressait en un crescendo alarmant. Elle pouvait sentir le regard irréel lui brûler les omoplates, et chaque fois qu'elle regardait, il n'y avait strictement personne. PERSONNE. Ça recommençait. Il fallait qu'elle trouve quelque chose à faire, quelqu'un avec qui parler. Soudainement, tout son corps nécessitait la proximité immédiate de pairs avec qui elle pourrait échanger, rire, s'engueuler, s'étreindre. Des frissons nerveux hérissaient sa peau et inconsciemment, elle recommençait à ronger ses ongles.



- Solvej ! Tonna cette fois Narhaan, une panique primaire lui enlaçant les viscères.

Le sursaut instinctif qui s'en suivit lui échappa au même titre que l'arme à feu, qui carillonna discrètement en percutant le sol couvert de diverses substances immondes. Son prompt volte-face dévoila un visage étique scié d'un rictus animal, dont les joues pourtant tapissées de larmes n'affirmaient que davantage l'extatique ivresse dont elle était la proie docile. Son pied s'élança d'une volonté lui étant propre, amorçant une marche dégingandée qui transporta avec légèreté l'adolescente abîmée jusqu'à sa génitrice trop scandalisée pour se dérober à l'étreinte acide qu'elle s'apprêtait à lui prodiguer. Elle accusa l'attention en étouffant ses pleurs, et tandis que le fruit de ses entrailles la couvrait d'un amour des plus sincères, Narhaan n'esquissa pas le moindre mouvement. En son sein, où germait déjà une crainte sourde, s'arrima une sèche bouture d'un dégoût involontaire.




Et maintenant qu'il faisait nuit noire, la terrasse était déserte.
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