Les Boucaniers Fantasques
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 La fin de l'innocence

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Ellana

Ellana


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Localisation : Poup Island, sinon en vadrouille!

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MessageSujet: La fin de l'innocence   La fin de l'innocence Icon_minitimeDim 16 Nov - 17:26

"Non de non! Combien de fois t'ai-je dit de ne pas voler du pain au boulanger!"

Une voix grondante, une réprimande de plus parmi tant d'autres. À force, elle se contentait de ne rien dire, préférant regarder le vide.

"J'ai déjà eu énormément de peine pour qu'on puisse s'installer ici, en Amakna, et maintenant, tu fais regretter le choix des habitants de nous avoir donné cette chance!?"

Elle était lasse, lasse de cette situation qui se répétait sans cesse et qui n'évoluait jamais. C'était comme une pièce de théâtre dont les deux protagonistes exécutaient leurs textes par cœur à force de la jouer. C'était à son tour maintenant. Comme toujours, elle redressait la tête de la table, pour l'observer, lui qui se tenait toujours debout, avant de réciter sa réplique.

"Papa... Je suis une roublarde, une Sombre Lune." Lança Ellana d'un ton fatigué.

L'homme jeta un regard noir à sa fille, de ses iris si foncés qu'on ne pouvait en distinguer la couleur, se grattant ses cheveux d'ébène nerveusement avant de d'alterner avec sa barbichette.

"Les Sombre Lune sont morts, Ellana. Quand tu étais encore petite, la famille entière est tombée dans une embuscade tendue par la milice Brakmarienne! J'ai perdu mes frères, mes sœurs, mes parents, mes cousins et j'en passe. C'est terminé Ellana..." grogna l'homme, mélangeant colère et mélancolie.

Elle le regardait fulminer en marchant autour de la table, lançant de temps en temps une kyrielle de jurons, pestant d'avoir raté quelque chose dans l'éducation de sa fille, jurant par les Douzes en cherchant une réponse : où avait-il pu échouer? Elle le regardait, sans laisser paraître une once d'émotion. De la pitié, c'est tout ce qu'elle éprouvait face à cet homme rongé par le désespoir et la peur.

"Ils étaient faibles, c'est tout. Papa, à nous deux, on pourrait honorer le nom des Sombre Lune!" Dit-elle pour rompre la ronde interminable de son père.

Ce dernier s'arrêta avant de prendre une profonde inspiration. Il vint frapper la table de ses poings pour ensuite garder la position, étant en appui et penché en avant.

"Tu ne sais rien, Ellana! Tu es à peine une jeune femme et tu te permets de juger notre famille!? Toi qui, comme larcin, n'as volé que des villageois!?" Hurla de rage le roublard.

La jeune fille soutenue le regard de son père, comme pour le défier. Le plus énervant, pour l'homme, était que le regard de la roublarde n'exprimait rien, comme si elle ne le prenait plus au sérieux. Il tira une des chaises de la table avant de se laisser tomber dessus, se retrouvant face à sa fille. Il plaqua ses coudes sur la table avant de cacher son visage dans ses mains, se frottant le front en signe d'exaspération.

"Où est-elle ma douce Ellana? Celle qui était timide, gentille et intelligente. Celle qui ne désirait pas autant partir de la maison..."implora l'homme.

Il s'arrêta un moment, sans croiser le regard de sa fille, attendant une réponse de sa part. Tout ce qu'il obtint fut le silence.

"... Te laisser lire ce livre sur Raval, te donner accès à l'instruction et t'avoir montré comment utiliser les armes, pour te faire plaisir, ont été une erreur. Tout ceci n'a fait que renforcer ton envie de découvrir le monde, de sauver un nom qui ne vaut plus rien." Poursuivit le roublard.

Il dégagea enfin les mains de son visage pour regarder sa fille dans les yeux. Espérant une réaction, mais toujours rien. Il inspira un bon coup pour se calmer avant de reprendre d'un ton plus détendu :

"Je suis passé dans ta chambre toute à l'heure.J'ai vu un sac et des holsters prêts sur le lit. Tu as pris ta décision?" Demanda-t-il.

Ellana hocha de la tête pour répondre, ponctuant sa réponse d'un "O-oui..." d'une voix cassée.

"J'ai vérifié, mes armes sont toujours sous clef, tu en as trouvé d'autres? J'imagine que c'est l'apprenti forgeron qui a un faible pour toi qui a accepté de t'en faire?"  Insista le père.

La jeune femme répéta son action avant de préciser sa réponse :
"Un canon, Croque-Lune et une dague courbée que j'utilise comme un boomerang, Croc de Lune..."

L'homme poussa un long soupire avant de glousser dans un sourire forcé, comme s'il se moquait de lui-même pour avoir cru pouvoir détourner sa fille de l'objectif qu'elle s'était fixé.

"Papa... comprends-moi. Cette vie n'est pas pour moi. Je ne suis pas faite pour être une villageoise qui attend la mort. Quelque chose m'appelle, me dit que ma place n'est pas là, mais ailleurs et qu'un jour, notre nom ne sera plus déshonoré! On peut le faire les deux." Dit-elle, en essayant de réconforter son père, sans pouvoir cacher un brin de tristesse dans sa voix.

L'homme s'installa bien au fond de sa chaise, dégageant ainsi les bras de la table. Il regarda sa fille dans les yeux, une larme naissante à l'œil.

"Je ne peux pas venir avec toi, je n'ai plus la force. Je veux juste qu'on vive heureux, toi et moi. Tu es la dernière chose qui me reste, ne me laisse pas Ellana." Répondit le roublard, d'un ton abattu.

Voilà, c'est comme ça que cette pièce de théâtre se terminait à chaque fois. Ellana craquait à la fin et restait finalement avec son père. Mais pas cette fois, non. C'en était trop. Elle ne supportait plus cette routine ennuyeuse, cette vie morose sans saveur, comparable à une mélodie se répétant en boucle. Elle se redressa de sa chaise, faisant face à son père qui, lui, était encore assis. Il fallait une cassure, une autre alternative à cette scène, que son monde bouge enfin, sortir de tout ça, car elle n'en pouvait plus.

"Qu'est-il arrivé à Hymir Sombre Lune? L'homme dont le nom suffisait à faire trembler les gardes des quatre nations?  Où est-il cet homme malin et fort dont la détonation de son canon signait le glas d'un être vivant!? Il est mort avec sa famille, le jour de l'embuscade, car, aujourd'hui, je n'ai qu'un être vide, rongé par la peur et le passé, en face de moi! Tu sais d'ailleurs où elle est maman ce soir, espèce de cocu qui n'ose rien dire? Sûrement en train de s'envoyer en l'air av-"

Sans qu'elle puisse finir sa phrase, Hymir se leva brusquement et lui flanqua un coup du revers de la main qui résonna à travers toute la demeure. Ils restèrent les deux immobiles, réalisant ce qui venait d'arriver. Tandis que la joue d'Ellana devenait écarlate, son père s'effondra en sanglot sur sa chaise. Le sang ne fit qu'un tour chez la roublarde, n'entendant plus rien de par ses oreilles sifflantes, elle alla en hâte jusqu'à sa chambre récupérer son matériel avant de se diriger vers la porte d'entrée, sans poser le moindre regard sur son père en larme sur la table. Elle s'arrêta sur le pas de la porte. Peut-être s'était-il excusé? Elle n'entendait plus rien de toute façon : ça grondait en elle.

"Adieu Papa, je t'aime..." Termina Ellana, en refermant la porte derrière elle.
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