Mémoires d'une horloge

2 septange 956

Citation :: Vingt-et-un ans… Déjà. En ce jour symbolique de ma majorité, mes parents m’ont organisé la plus prestigieuse des fêtes. Tous les Sedli étaient là. Oncles, tantes, cousins germains, issus de germain ou de degré bien plus lointain. Mais qu’en ai-je à faire ? Je sais pertinemment qu’une telle cérémonie n’a pas été mise en place pour mon bon plaisir. Dès demain, je serai le dirigeant de la famille. Le Caelius. Tel est ma destinée… selon eux. Mais j’aspire à bien plus que cela. J’étouffe entre ces murs de pierres. Diplômé de l’Académie des Arts Magiques et Maîtrises Xélors, je sais maîtriser plus que convenablement mes pouvoirs et voilà que l’on ne me réserve qu’un avenir d’horloger. Je m’y refuse. Le monde me tend les bras. Depuis ma plus tendre enfance, je suis bercé du récit de mes ancêtres… Caelius Ier, le Fondateur… lui qui a parcouru le monde en tous sens, ne voulant que son savoir se perde, il a fondé nos traditions… qui se sont fort dégradées depuis. Caelius VIème du nom, l’Intrépide… grand explorateur, puis soldat pour l’armée de Bonta. Et tous ces autres Caelius qui ont foulé la terre du Monde des Douze avant moi ! Ils ont tous eu sans exception une destinée brillante, jusqu’au Chaos d’Ogrest. Depuis, la famille s’est repliée dans cette maison démesurée… plus grande à l’intérieur qu’elle n’en impose déjà de l’extérieur, certes… mais pourquoi se limiter à de l’horlogerie lorsque le sens du devoir, de l’honneur, la loyauté, le goût de la liberté coulent dans nos veines ?
Dois-je le faire ? Mais qu’adviendra-t-il de moi au-delà de Bonta ? J’en frissonne. Me voilà à ma fenêtre. Bonta est si calme à cette heure-ci. Je ne maitrise pas encore pleinement la téléportation… c’est cela qui avait manqué de me faire rater mes examens. Une chance que l’Alchimie m’ait toujours attiré.
Le destin m’appelle. Cette liberté… je ne puis y résister. Je refuse le destin que m’ont tracé les miens. Même si cette fenêtre est quelque peu trop haute… Je peux le faire. Une téléportation n’aura pas raison de moi.

Equipé de son havre-sac, de son aiguille-épée et vêtu de la tenue que lui avait offert ses parents en ce jour symbolique – à savoir un large chapeau noir à plume bleue, un plastron de même couleur que ladite plume décoré d’un rouage blanc en son centre et à quatre aiguilles dirigées dans chaque sens et direction, bordé d’un liseré blanc, et une cape aux mêmes caractéristiques que le plastron-, il se tenait debout sur le rebord de sa fenêtre . Caelius regarda une dernière fois sa chambre et poussa un profond soupir. Fermant les yeux, il plongea dans l’obscurité de la nuit.