Les Boucaniers Fantasques
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 Qui sème le vent ...

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René Vrosé

René Vrosé


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MessageSujet: Qui sème le vent ...   Qui sème le vent ... Icon_minitimeDim 17 Aoû - 14:03

Qui sème le vent...



Vous êtes Monsieur ... ?

René.

Ah, oui, monsieur René... René Vrosé, si je ne m'abuse... Alors, Hm... Voyons voir... Ah oui ! Crises de paranoïa, angoisse et grande faculté à s'attirer des ennuis... C'est ça ?

Boh, les gens sont tellement susceptibles, v'savez...

Oui, oui... Installez vous, je vous en prie.

Le Docteur Rubizewski soupira. Ah, ce patient ! Quelle histoire... Qu'est-ce qu'il revenait faire ici ? Enfin bon, au moins c'était un cas intéressant... Il recula son fauteuil de quelques centimètres, s'adossant confortablement au dossier, puis il considéra son client. C'était un Écaflip, assez jeune, sûrement issu d'un milieu social défavorisé, à en croire les habits miteux qu'il portait. C'était à se demander où il trouvait les kamas pour la consultation. Le jeune homme portait également un chapeau melon, qu'il enleva et posa par terre, à côté du lit. Ensuite de quoi il s'allongea avec méfiance, cherchant une position confortable dans laquelle passer l'heure suivante. Le psychiatre grogna. Il allait encore y avoir des poils partout. Il vérifia que son patient était bien installé, et entama l'entretien.

Bon, commençons, voulez vous ? Pourquoi revenez vous me voir ?


Hm...

Vous savez, si vous ne dites rien, ça ne sert à rien de venir. Non je demandais, parce que j'ai souvenir que la dernière fois, nous nous étions quittés en mauvais termes... Je me trompe ?

Ah ça non, vous vous trompez clair'ment pas. Mais y a pas mal d'trucs qui sont arrivés, entre temps, et j'ai un ami qui tenait vraiment à c'que j'vous en parle, m'voyez ?


Un ami ?

Ouais, c'est lui qui m'paie les consultations. Comprenez, j'ai pas d'argent moi. M'enfin je crois qu'ça s'voit, hein.

Le client eu un petit rire narquois, puis il poursuivit :

Ouais, c'mec là, c'est vraiment un bon gars. Du coup j'voulais pas l'vexer, vous m'suivez ? Pis bon, c'pas comme si j'devais payer, hein. Alors me v'la.


Le Docteur Rubizewski haussa un sourcil. Son client était donc capable de relations sociales... D'un autre côté, le psychologue ne connaissait quasiment rien de la vie de son patient, malgré les nombreuses visites de celui-ci dans son cabinet. Durant les dernières consultations, il s'était fait copieusement insulter tout au long du temps imparti. L'Écaflip était réellement insupportable. Il posait sans cesse des questions stupides, qui remettaient en cause la profession du Médecin. Il s'indignait tout le temps, était borné, irrationnel... L'écouter était une vrai torture. Et le voilà qui revenait à la charge. Mais bon, le boulot, c'est le boulot. Le Docteur souffla légèrement, puis reprit la parole :

Vous parliez de choses qui vous sont arrivées ?

Ouais.

Le psychiatre grogna.

Allez-y...

Ben, par ou commencer... Déjà... J'ai r'joins un équipage d'pirates...


Le Docteur fut quelque peu surpris par cette déclaration et, chose très informelle, interrompit donc son patient.

Mais, hm... Vous ne détestiez pas les pirates ?

Oh, j'les déteste toujours, hein. Mais certaines personnes... Hm... M'ont un peu ouvert les yeux sur c't'équipage là en particulier, on va dire...

Ah oui ?

Ouais on va dire qu'j'avais des euh... Comment on dit d'jà quand on pense un truc qui veux pas s'barrer d'not' tête là ?

Des préjugés ?

Ouais ! C'est ça, des préjugés ! J'avais des préjugés... Pis en fait, j'ai un peu trainé avec les gars d'l'équipage pis j'les ai trouvé sympas au final. Sauf un qu'j'peux pas blairer, mais bon on s'en carre. Ah, pis y a un gros taré aussi. Mais globalement, ça va.

L'Écaflip marqua une pose, qui permit au médecin de réfléchir à une nouvelle question.

Mais, vous n'êtes pas allé les voir de vous même, n'est-ce pas ?

Oh, ça. Bah, en fait, euh... M'voyez mon pote qu'a voulu qu'j'revienne vous voir ? Ben l'a rejoint les pirates. Les Boucaniers Fantasques, qu'on s'appelle. J'trouve que ça en jette pas mal comme blaz'. Bref, j'avais plus rien à fout' d'mes journées, vous m'suivez ? Du coup, quand j'voyais un type qui portait leur emblème, bah j'l'accostait pour voir un peu avec qui y trainait, mon pote. Tiens j'y pense. Mon pote l'est Docteur, comme vous, c'marrant ça.

Le psychologue se racla la gorge, il détestait parler de lui, c'est d'ailleurs pour ça qu'il avait choisi ce métier. Et ce type, là, il était insupportable avec toutes ses remarques... Le Docteur réussit néanmoins à ravaler sa colère et relança son patient assez sèchement.

Oui. Continuez, ça ne fait qu'une seule chose si je ne m'abuse ?

Boh, après il s'est passé pas mal d'trucs... Ah ouais ! J'me suis trouvé un foutu passeport aussi ! Comprenez, dans un équipage faut s'bouger l'popotin, on reste pas plantés comme des piquets. Du coup j'me suis renseigné et j'en ai chopé un, d'passeport. D'la nation d'Sufokia s'il vous plait. Et maint'nant, j'peux voyager. M'enfin j'préfère Astrub, tout d'même, j'connais mieux. Et pis j'pense que vous êtes dans l'même cas, nan ?

Alors là c'était la meilleure. Un passeport. Pourtant les quelques rares fois où le client avait daigné parler de lui, il avait toujours précisé qu'il ne pouvait pas sortir de la ville. Cas typique d'amibophobie. Et maintenant, un passeport ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Sûrement un bouleversement majeur dans sa vie... En revanche il y avait un point où il n'avait pas changé : il était toujours aussi indiscret. D'un autre côté, il est vrai que le Docteur Rubizewski se plaisait à Astrub. Il était propriétaire une imposante maison, remarquablement placée, et, vu la population locale, il n'était jamais en manque de clients. Il gagnait donc de coquettes sommes d'argent qu'il plaçait dans diverses organisations de finance plus ou moins légales. Il ignora cependant la remarque de l'Écaflip, et l'interrogea de nouveau.

Et vos crises ? Toujours d'actualité ?

Oh, ça... Ouais. J'en ai eu quatre-cinq d'puis la dernière fois...

Toujours aussi violentes ?

Ouais. J'peux plus bouger. Pis je pige plus rien à c'qui m'arrive, pis c'qu'est à côté d'moi, bah j'vois rien, j'entends rien, j'sens rien... Pis après j'me réveille, en quelqu'sorte.

Vous vous réveillez ?

Ouais, 'fin après c'pas toujours pareil, hein. Des fois j'me réveille, pis j'suis complètement paumé. Des fois c'est des mecs qui m'réveillent et en général c'est assez violent, l'temps qu'je réalise ou j'suis... Pis ça arrive plus spontanément maint'nant, c'est surtout quand j'suis en danger en fait, j'crois bien...

Le psychiatre prît quelques notes. Son client en était encore au stade des crises inconscientes... Si l'Écaflip l'avait un temps soit peu écouté, il aurait peut-être déjà atteint le niveau inférieur... Mais bon, dans le métier, le client est roi. Ne pas lui faire de reproches. C'était la seule règle. Il l'avait toujours respectée et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer à la transgresser. Il finit donc de griffonner les quelques hiéroglyphes dont les médecins ont le secret sur son petit carnet, puis il releva la tête.

Hm, je vois... Thanatophobie...

Il était presque sûr que l'autre ne comprenait pas de quoi il parlait, mais ça faisait toujours bon genre d'utiliser des mots savants. Et puis, ça montrait aux gens que lui, le Docteur Rubizewski, il connaissait son sujet. Il sourit un instant, assez fier, mais fût interrompu par son patient.

'Tendez là... Ça va pas êt' possible si vous m'dites pas d'quoi vous causez. C'est quoi ces histoires de tanatotruc ?

Mh, je vous fais un diagnostic, monsieur.

Un diagnostic ? Et qu'est-ce j'vais bien pouvoir fout' d'vot' diagnostique, moi ? J'sais même pas lire.

Ah... Voilà qui est embêtant...

Le psychologue s'arrêta un instant, cherchant rapidement un moyen de calmer l'Écaflip. Il rencontrait souvent ce genre de situations problématiques lors de ses consultations et il lui fallait toujours faire preuve de concentration et d'habileté pour en sortir. Ne pas vexer le client, ne pas l'énerver et, surtout le rassurer. Après tout, c'était son boulot, faire en sorte que les gens se sentent bien. Il prit une longue inspiration, et lui répondit.

Vous préférez que je vous le dise oralement ? Normalement, la coutume veut que je vous fasse une ordonnance, mais si vous le souhaitez, on peut procéder autrement.

C'était risqué, mais ça pouvait marcher.

M'ouais, z'avez qu'à faire comme ça...

Le Docteur Rubizewski soupira de soulagement.

Et bien, Monsieur, euh... Vrosé... Vous êtes atteint de thanatophobie, c'est à dire la peur de la mort.

Dans un premier temps le patient ne sembla pas réagir. Puis il se leva d'un bond, et rétorqua.

Quoi ? Vous déconnez j'espère ? J'sais d'quoi j'ai peur. Et en l'occurrence, c'est surtout des types chelous comme vous, qui racontent des conneries, et sûr'ment pas d'mourir.

Zut, raté. Il allait devoir s'y prendre diplomatiquement.

Vous pouvez penser ce que vous voulez, je tiens juste à vous informer de mon diagnostic, prenez le en compte ou non... Maintenant si vous voulez vous réinstaller, pour que nous puissions continuer.

Le psychiatre désigna le lit doucement, puis jeta un regard compréhensif au jeune homme. Celui-ci grogna, puis reprit finalement place sur le divan.

N'empêche que vous êtes pas net, moi j'vous l'dit.

Oui, oui. Enfin, il y a quelque chose qui m'intrigue... La dernière fois que vous êtes venu, une grande partie de ce que vous m'avez raconté aujourd'hui aurait été impensable. Vous avez des envies nouvelles, peut-être ?

Ouais, j'avais envie d'essayer. J'me suis rendu compte qu'j'étais resté planqué dans mon Astrub pendant super longtemps. Pis j'les voyais là, les pirates, z'avaient l'air super soudés et tout. Du coup j'me suis d'mandé c'que ça pouvait faire, d'être un peu... Comme eux, v'voyez ? Pis après y a eu des histoires, pis j'me suis r'trouvé en dehors d'Astrub. Pis j'me suis dit qu'je connaissais que dalle le monde... Alors du coup, y a l'envie d'voyager qui m'a pris... Pis comme ça m'obsédait, bah j'me suis lancé quoi... Du coup j'me dis au vais découvrir des trucs... Rencontrer des gens... Tout ça, ça m'était jamais v'nu à l'esprit, avant... J'voulais juste essayer d'rester en vie, v'voyez ? J'pense que ça peut pas m'faire de mal d'essayer.

L'Écaflip s'arrêta une seconde.

Pis d'abord, qu'est-ce ça peut bien vous faire, mes histoires ? J'veux dire, z'avez qu'ça à fout' ? Pouvez pas aller interroger un aut' mec, au lieu d'pomper mon air ?

Et voilà qu'il était reparti.

Écoutez, c'est mon travail de faire ça... Et c'est pour ça que vous avez payé, accessoirement. Je veux bien parler de moi, mais ce n'est pas pour ça que je suis là, monsieur. Je suis là pour que vous me parliez de vous. Alors, si vous le voulez, pouvons nous continuer ?

L'autre grogna.

Ouais, ouais... Bon, allons-y.

Bon... Il y a encore une chose qui me démange... Toutes ces idées, elles ne sont pas venues à vous spontanément, n'est-ce pas ? Il s'est sûrement passé quelque chose ?

Bah, nan, j'crois pas... Euh... J'vois pas trop c'qu'aurait pu s'passer...

Il n'y a aucun événement qui vous aurait poussé à changer ?

Le client rougit cette fois, puis secoua la tête et répondit en bredouillant :

Bah, j'vous l'ai d'jà dit, mon pote qu'a rejoint les pirates.

Le Docteur haussa un sourcil.

C'est tout ? Ça me semble bien peu... J'ai une petite idée en tête... Hm... Vous ne seriez pas... Tombé amoureux, par hasard ?

Il crût voir le pelage de son patient devenir rouge tellement il avait l'air gêné.

Je... Hm... J'sais pas... Je... J'préfère pas en parler.

Vous savez, vous êtes là pour ça, pour en parler.

Je...

Un spasme au bras droit.

Vous pouvez tout me raconter.

Teint qui blanchit.

Je suis là pour ça.

L'Écaflip prit une profonde respiration.

---

C'était une haute bâtisse, assez luxueuse. Elle donnait directement sur la rue, qu'elle dominait de par sa hauteur, les autres bâtiments semblaient comme écrasés par son imposante silhouette. Une rue passante d'ailleurs, très agitée aux heures de pointe. Elle dépassait de l'étendue plate de toits qui recouvrait la ville d'Astrub, émergeant tel un ice-sberg au beau milieu d'une mer calme. Les murs en pierres étaient parsemés de trois paires de grandes fenêtres en façade, une par étage, qui permettaient aux habitants de la demeure de surveiller la vie des passants si ça leur chantait. Le tout était surmonté d'un large toit en tuiles à deux pans très inclinés, qui rehaussait encore la maison de quelques mètres. Les nombreuses poutres en bois qui constituaient l'armature du bâtiment semblaient crouler sous le poids des tonnes de pierre qu'elles soutenaient. La porte d'entrée, en bois massif, était surélevée par rapport à la chaussée, un petit escalier en pierre menait au pas-de-porte, lequel était équipé d'une lanterne, pour éclairer les éventuels visiteurs nocturnes qui pourraient s'y aventurer. À côté d'une clochette retentissante, que l'on sonnait pour annoncer son arrivée, se trouvait un écriteau, sur lequel étaient gravés les mots suivants : "Docteur Rubizewzki, psychiatre, psychologue, psychanalyste."  

Le cabinet de l'intéressé se trouvait au troisième étage de la maison. L'intérieur était luxueusement décoré. De la moquette pourpre tapissait le sol, donnant au lieu une atmosphère douillette. Un grand bureau en acajou massif trônait au beau milieu de la pièce. Sur celui-ci étaient posés divers papiers et carnets, soigneusement rangés, ainsi qu'un encrier en corne et une plume de turche. Les deux murs latéraux étaient recouvert de centaines de livres, des dizaines d'étagères en étaient remplies. Une bibliothèque qui avait due être constituée au cours de longues années de vies et d'études. Les deux grandes fenêtres qui encadraient le bureau donnaient côté rue, offrant une splendide vue sur l'immensité des toits qui recouvraient la cité. La chaussée étant relativement étroite, on pouvait facilement se méprendre en pensant que les fenêtres donnaient directement sur les toits. Sous l'une d'elle était installé l'inévitable lit de consultation. En cuir mat, il était rongé par le temps et les patients qui, inlassablement, s'installaient sans fin pour exprimer leurs chagrin des heures durant.

Dans la rue, tout était normal. Des braves gens naviguaient sans but dans l'océan de monde qui rugissait, indomptable, allant se briser sur les murs qui bordaient la chaussée. Les allées et venues chaotiques des habitants de la cité étaient souvent impressionnantes, mais ce jour là était particulièrement chargé. Quelques personnes se pressaient pour rentrer chez eux, refermant vite la porte derrière en entrant, pour éviter qu'un quelconque individu poussé par la foule ne surgisse dans leur humble demeure. Cette immense désorganisation générait un immense vacarme. Et les divers acteurs du chaos ambiant n'étaient pas très attentifs à leur environnement proche. Aussi, personne ne s'étonna quand, quelques mètres plus haut, la fenêtre droite du troisième étage de la maison du Docteur Rubizewzki vola en éclats.

---

René tombait. Ou du moins, il estimait tomber. Il existe un infime point de rupture entre le saut et la chute et, en l'occurrence, l'Écaflip était quasiment certain de l'avoir franchi. Non pas qu'il soit expert en chute, loin de là, cependant René était plutôt doué pour le saut et il n'était certainement plus en train de sauter. Par une brève élimination, il avait vite supposé que son état était plus proche de "en train de tomber dangereusement vite" que de "en train de sauter habilement", et allait sûrement bientôt évoluer vers "en train d'agoniser, tous les membres brisés" d'ici peu. René avait paniqué. La vitesse d'exécution nécessaire à une fuite de qualité s'était transformée en précipitation, il avait mal calculé son coup, et en faisait maintenant les frais. Dans sa brusquerie, il s'était élancé trop fort, sans bien faire attention à ses appuis, et avait perdu l'équilibre en vol. Le gredin ferma les yeux et songea amèrement aux vingt mètres de vide qui le séparaient du sol. Vingt mètres qui, en temps normal, ne paient pas de mine pour qui lève les yeux vers le ciel... Mais, quand ils en dessous de vous, c'est tout de même nettement plus impressionnant. René prit un instant pour réfléchir ; avec un peu de chance, il se serait propulsé avec assez de force pour atteindre les toits de l'autre côté de la rue, comme prévu. Mais la chance, ça faisait bien longtemps que notre "tombeur" ne comptait plus dessus, et il allait, encore une fois, devoir se débrouiller seul.

Le miteux ouvrit les yeux. Les toitures se trouvaient environ deux mètres en dessous de son niveau. Cependant, si sa trajectoire poursuivait ainsi, il ne les atteindrait pas, et finirait en tas de chair au milieu du purin, destin qu'il préférait éviter. René referma les yeux, et fît le vide dans son esprit. Ne pas s'affoler, garder son sang-froid. Ne pas criser, surtout. Il vida ses poumons, inspira lentement, s'accordant quelques instants d'immobilité en attendant le moment propice. Il s'efforça de rester calme. Son instinct de félin lui dirait quand agir. Pas tout de suite... Encore un peu... Presque... MAINTENANT !!!

L'Écaflip fendit l'air. Il ramena brutalement tous ses membres en arrière, donnant ainsi une impulsion qui le dégagea de son itinéraire initial. Puis il se cabra en deux, retournant ainsi son corps face au sol, et les pattes arrières vers le bas, pour amortir le choc. René rouvrît les yeux, sortît ses griffes. Il était désormais en bonne position pour atterrir et n'avait plus qu'à attendre l'impact, imminent. Il souffla, détendant ses membres. BLAM ! Le coup l'ébranla complètement. Il durcît ses pattes au dernier moment, amortissant ainsi une bonne partie des vibrations. Les tuiles claquèrent sous le poids du voyou. René se releva immédiatement, un peu sonné, puis soupira, et regarda vaguement en direction de la vitre brisée, en face de lui. Il avait dû parcourir au moins une dizaine de mètres, surtout en considérant la hauteur de son point de départ. Alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, il remarqua que quelque chose manquait sur sa tête. Son chapeau était encore en train de voleter, un peu plus haut.

René n'hésita pas une seconde. Il s'élança à toute vitesse, sautant dans le vide en direction de son bien-aimé couvre-chef. Ça, c'était hors de question de repartir sans, cette foutue coiffe était bien trop important à ses yeux. L'Écaflip  s'accrocha à la gouttière du toit sur lequel il se trouvait à l'aide de l'une de ses pattes avant et tendit son corps au maximum, couvrant ainsi l'intégralité de la distance qui le séparait du chapeau melon. Il vînt ensuite cueillir le précieux objet avec sa patte arrière droite, plantant ses griffes à l'intérieur de celui-ci, afin qu'il ne lui échappe pas. Une fois qu'il eut récupéré son bien, le filou se hissa instantanément sur le toit à la force de ses deux bras, lui évitant ainsi de heurter le mur sur lequel était fixé sa prise, et retomba avec souplesse sur la toiture en tuiles. Il rajusta son couvre-chef sur sa tête, le chapeau avait dû être mal enfoncé quand il l'avait saisi précipitamment avant de sauter par la fenêtre, et sa vitesse de chute avait dû lui enlever du crâne. Mais bon, au moins, il l'avais récupéré.

Le pouilleux marqua un temps de pause. Il était encore en vie, ça c'était la bonne nouvelle. La deuxième bonne nouvelle était qu'il ne retournerai plus jamais dans le cabinet de ce taré. Il leva la tête vers la fenêtre brisée, à laquelle se trouvait désormais le psychologue horrifié. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'Écaflip. René leva son majeur bien haut vers le docteur, en guise de salut, et s'en alla, hautain comme jamais, un grand sourire narquois fendant son visage en deux : Tout allait bien, et lui compris.
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